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 La question des origines de la guerre

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Blooper
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MessageSujet: La question des origines de la guerre   La question des origines de la guerre Icon_minitimeMar 22 Avr - 15:40

Bernard Droz affirmait en 1992 que la responsabilité américaine et sud-coréenne apparaissait peu crédible et, depuis l'ouverture des archives soviétiques, même un historien « révisionniste » comme Bruce Cumings, dans un débat enfin dépassionné, tient désormais pour acquis que l'offensive générale du 25 juin 1950 fut préparée de longue date par la Corée du Nord[5].

D'après des documents d'archives soviétiques, Kim Il-sung décida d'envahir la Corée du Sud au plus tard début septembre 1949, alors qu'« il n'y a pas eu d'incidents sérieux au 38e parallèle depuis le 15 août ». Staline considérait toutefois que pour le moment une telle initiative n’était opportune ni militairement, ni politiquement, ni économiquement. Il s'inquiéta notamment de l'impréparation de l’armée nord-coréenne ainsi que d'une possible intervention américaine et interdit en conséquence une entreprise dont le plein succès n’était pas assuré. En effet, par un télégramme daté du 24 septembre 1949, le Politburo chargea l’ambassadeur soviétique à Pyongyang, le général Shtykov, d’informer Kim Il-sung qu’aux yeux des dirigeants soviétiques l’« Armée populaire coréenne […] n’était pas prête pour une attaque », que celle-ci entraînerait « des difficultés politiques et économiques significatives pour la Corée du Nord » et que par conséquent une telle attaque n’était pas « permise ».

Par la suite, les Nord-Coréens renforcèrent leur armée et la transformèrent en un formidable instrument offensif sur le modèle des forces blindées de l'Armée rouge soviétique. Ainsi, en 1950, la Corée du Nord avait désormais un avantage certain dans toutes les catégories d'armement.

La République populaire de Chine était d'abord réticente, car une guerre en Corée déstabiliserait toute la région. Mao Zedong estimait par ailleurs qu'un tel conflit encouragerait les Américains à intervenir en Extrême-Orient et interférerait avec la conquête prévue de Taiwan, où s’étaient retranchées les forces du Kuomintang de Tchang Kaï-chek. Néanmoins, la Chine n'accepterait pas la présence de troupes ennemies à ses frontières, ce qui laissait présager une intervention chinoise au cas où elle estimait que son territoire était menacé.

Le 12 janvier 1950, le nouveau secrétaire d'État américain, Dean Acheson, déclara au Club national de la presse que le périmètre de défense américain dans le Pacifique comprenait les îles Aléoutiennes, les îles Ryūkyū, le Japon et les Philippines : l'omission explicite de la Corée pouvait laisser sous-entendre que, en cas de guerre, les Américains n’interviendraient pas. Cependant, si telle avait été à un moment la position de Washington, le gouvernement américain y renonça dès avril 1950[9]. Par conséquent, le containment restant le principe de la politique américaine, Washington considérait la Corée du Sud comme un bastion servant à endiguer la progression communiste en Asie, plus particulièrement après la victoire des communistes chinois en 1949.

Entre temps, l'attitude de Staline avait évolué : lors d’une visite de Kim à Moscou, en avril 1950, le maître du Kremlin avalisa les projets annexionnistes du dirigeant nord-coréen, car, après le départ des troupes américaines, il ne jugeait plus qu'une guerre faisait courir de graves risques à la Corée du Nord, tout en précisant cependant qu’il ne pouvait garantir un soutien officiel de la part de l’Union soviétique.

Dans une interview accordée en 1992 à l’historien russe Sergeï Goncharov, Chung Sang-chin, ancien général de brigade dans l’armée nord-coréenne, rapporta que, selon l’interprète de Kim Il-sung, ce dernier aurait invoqué quatre arguments pour recueillir l’adhésion de Staline : l’attaque, déclenchée à l’improviste, serait décisive, de sorte que la victoire serait acquise en trois jours ; en Corée du Sud, l'offensive de l'Armée populaire serait accompagnée d’un soulèvement des deux cent mille membres du Parti ; la guérilla communiste apporterait son appui à l’Armée populaire ; et enfin, les États-Unis n’auraient pas le temps d’intervenir. Chung ajouta que Kim avait connaissance du discours Acheson.

D'après un rapport du Ministère des Affaires étrangères soviétique à l'intention notamment de Brejnev, rapport daté du 9 août 1966,

« le gouvernement nord-coréen prévoyait d’atteindre son objectif en trois étapes :

concentration de troupes le long du 38e parallèle
proposition au Sud d'une réunification pacifique
initiative des opérations militaires après le rejet par le Sud de la proposition d’une réunification pacifique.
(…)
Fin mai 1950, l'état-major de l'Armée populaire, en accord avec les conseillers militaires soviétiques, annonça que l'armée coréenne était prête à commencer sa concentration le long du 38e parallèle. Devant l'insistance de Kim Il-sung, le début des opérations militaires fut fixé au 25 juin 1950 (télégramme 468, 1950). »
La fiabilité des documents soviétiques a été vivement contestée par les autorités nord-coréennes, en tant qu'ils mettent en question l'histoire officielle du pays. Par ailleurs, d’après les Nord-Coréens, qui invoquent la présence de conseillers américains, les États-Unis n’auraient pas respecté les termes de l'accord soviéto-américain sur le retrait des troupes de la péninsule et ils auraient multiplié les provocations et les attaques, certaines d’envergure, afin de déstabiliser la Corée du Nord. Ainsi, le Musée de la Guerre à Pyongyang expose des documents d'archives faisant état de projets d'invasion de la République populaire démocratique de Corée.

Pour leur part, la majorité des historiens sud-coréens, à l'instar en France d'intellectuels de gauche, relevèrent dès les années 1950 la multiplication des incidents de frontière le long du 38e parallèle et les déclarations belliqueuses de Syngman Rhee dans la période précédant la guerre, d'où ils conclurent à une responsabilité partagée. Selon Heo Man-Ho, professeur agrégé au département de science politique et de diplomatie à la faculté des sciences sociales de Séoul, spécialiste de l'histoire de la Corée, « les tentatives belliqueuses antérieures à la guerre de Corée avaient déjà fait plus de 100 000 morts ». En d'autres termes, selon Heo-Man-Ho, ces incidents de frontières ont été dans certains cas de « véritables batailles rangées dans lesquelles environ 6 000 hommes ont été engagés » (et dont l'initiative venait tant du côté nord-coréen que du côté sud-coréen), ce qui rendait de plus en plus probable l'hypothèse d'un conflit ouvert, envisagé par l'un et l'autre camp. « Il est donc difficile de trancher de façon sûre sur cette question de savoir qui est l'envahisseur et l'initiateur de la guerre. Les seuls critères qui peuvent aider à dégrossir cette question se trouvent dans les préparatifs militaires mis en place par les dirigeants des deux Corées […] ainsi que dans les formes du soutien des deux super-puissances auprès de ces mêmes dirigeants. » Par conséquent, conclut le professeur Heo Man-Ho, « en nous appuyant sur ces critères, nous pourrions soutenir la thèse de l’invasion nord-coréenne sur le Sud ; en effet, la guerre de Corée a été préparée plus sérieusement par les dirigeants nord-coréens avec les soutiens sino-soviétiques ».

S'agissant des préparatifs sud-coréens, l'envoyé spécial de Truman en Corée du Sud, Philip C. Jessup, souligne, dans un mémorandum à son gouvernement daté du 14 janvier 1950 suite à un entretien avec le président sud-coréen Syngman Rhee, que ce dernier a expliqué que les Coréens du Sud « auraient une ligne de défense stratégique bien meilleure, si leurs forces se dirigeaient vers la Corée du Nord, [mais] qu’il n’y a pas eu de planification pour se lancer dans une quelconque opération de conquête. Pourtant, l'impression générale de son intervention laisse croire qu'il ne s'était pas opposé lorsque des forces sud-coréennes, en bordure du 38e parallèle, avaient pris des initiatives de temps en temps ». De son côté, M. Muccio, ambassadeur américain à Séoul, fait état qu'en 1948, lors d'une réception au palais présidentiel sud-coréen, le ministre de la Défense sud-coréen lui « raconta avec plaisir que ses hommes avaient conquis Haeju », ville située sur la péninsule d'Ongjin, « juste au delà du 38e parallèle, (…) mais [il] n'ajouta pas que pratiquement tout le monde s'y était fait tuer ».

Toujours est-il que Kim Il-sung s'était donné les moyens d’une offensive générale en renforçant son armée et, quand il reçut finalement, après quarante-huit télégrammes, la permission de Staline en avril 1950, et celle de Mao Zedong un mois plus tard, il prit l’initiative le 25 juin 1950, profitant d’une situation qu’il jugeait favorable - infériorité matérielle et numérique de l'armée sud-coréenne, présence sur le terrain de quelques centaines seulement de conseillers américains, renonciation apparente des États-Unis à la doctrine Truman en ce qui concerne la péninsule coréenne -, et cela dans un contexte de répression des mouvements de guérilla communistes qui avaient dominé politiquement en Corée du Sud à la capitulation japonaise.

Ainsi donc, l'offensive nord-coréenne du 25 juin 1950 ne laisse aucun doute sur l’initiateur d’un conflit terriblement coûteux en vies humaines. D’un autre côté, la guerre aurait peut-être pu être évitée si, aux yeux de Staline et de Truman, prisonniers l’un et l’autre des principes de la guerre froide, elle n’était pas apparue comme quasiment inéluctable.
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